Tout allait si bien pour les coureurs tricolores, jusqu’à hier… Le 26 juillet 2019 restera une date gravée à jamais dans l’histoire du Tour de France. La 19ème étape, longue de 126 km, a été arrêtée au sommet du col de l’Iseran, à 37 km de Tignes, lieu où l’arrivée était prévue initialement. C’est une première dans l’histoire, certaines étapes avaient été annulée mais jamais aucune d’entre-elles n’avaient été arrêtées avant leur terme.
Un peloton décidé à entamer l’explication finale
Dès le début de la course, des costauds tentent de sortir du peloton. Deux leaders, Vincenzo Nibali et Dan Martin, sont suivis par deux bons grimpeurs, Jesus Herrada et Pello Bilbao. A l’avant du peloton, d’autres coureurs essayent de s’extirper mais le peloton ne laisse plus filer personne. A l’arrière de la course, grosse défaillance pour Thibaut Pinot. Le français, 5ème au classement général, n’avance plus et, avec l’aide d’un coéquipier, il met pied à terre, le visage larmoyant il abandonne le Tour de France pour la quatrième fois. Un énorme coup dur pour lui car il semblait être dans la forme de sa vie mais comme sur le Tour d’Italie, l’année passée, il est contraint à l’abandon à deux jours de la fin, seulement.
Le peloton perd des unités au fil des kilomètres, dès la côte de Saint-André, certains grimpeurs lâchent alors que cette première difficulté n’est classé quand 3ème catégorie. Démontrant ainsi le très gros tempo imprimé à l’avant du groupe maillot jaune par les équipes de favoris. Dans la deuxième ascension du jour, la montée d’Aussois, 25 coureurs rejoignent les quatre hommes de tête. Parmi eux, on retrouve quelques français dont Warren Barguil, le champion de France, et Tony Gallopin, coéquipier de Romain Bardet. Mais Romain Bardet n’est pas présent, en personne, pour défendre son maillot à pois. Il devra se méfier de Damiano Caruso qui avait pris 40 points au sommet de l’Izoard, la veille, et qui est de nouveau dans l’échappée avec un équipier de luxe : Vincenzo Nibali, le vainqueur du Tour 2014. L’italien de la formation Barhaïn-Mérida prend, comme attendu, les 5 points en sommet de la montée d’Aussois puis les 2 points en haut du col de la Madeleine. Il se rapproche ainsi à 19 unités du français.
Un col de l’Iseran péremptoire
L’échappée ne compte plus qu’une quinzaine d’éléments au moment d’aborder la terrible ascension du col de l’Iseran. Classé hors catégorie évidemment, ce col est long de 13 km et il abrite des pentes irrégulières pouvant atteindre les 15%. En passant au sommet de l’Iseran, les coureurs seront sur le toit du Tour 2019, avec une altitude de 2770 mètres. Dans le peloton, l’équipe INEOS mène un rythme d’enfer grâce à ses solides équipiers. Les deux leaders de la formation britannique, que sont Geraint Thomas et Egan Bernal, préparent quelque chose tandis que Julian Alaphilippe s’accroche, encore et toujours, aux roues de ses derniers équipiers qui lâchent les uns après les autres puis à celles des derniers cadors rescapés. Mais le coup de tonnerre éclate, Geraint Thomas attaque, le groupe est désorganisé et le maillot jaune est au bord de la rupture. La relance de Steven Kruijswijk lui sera finalement fatale, tout comme pour Romain Bardet. Mais le festival INEOS n’est pas terminé, à l’instar de la veille, le colombien Egan Bernal lance son offensive et dépose tous les favoris y compris Geraint Thomas. Il s’envole seul à la poursuite des quelques coureurs échappés, reprend un à un Vincenzo Nibali, Simon Yates et Warren Barguil, dernier français rescapé, puis dépose chacun de ces coureurs pour passer en tête au sommet de l’Iseran. Il ne le sait peut-être pas, mais à ce moment là, il prend le maillot jaune car derrière Julian Alaphilippe est bout de force. Il essaye de se remettre en danseuse mais ne peut reprendre du temps ni au groupe Geraint Thomas, ni à Egan Bernal, beaucoup trop fort. Tous ces coureurs basculent dans la descente vers les Brévières, au pied de la montée finale vers Tignes. Le maillot jaune reprend quelques secondes avant qu’un nouveau coup de théâtre surgisse. La course est arrêtée car la chaussée est impraticable, à cause de violents orages de grêle et de coulées de boues qui s’abattent dans la vallée, à partir de Val-d’Isère, à 20 km de l’arrivée. Les coureurs sont prévenus et ne comprennent pas cette décision car ils ne constatent aucunes intempéries dans le début de la descente, où ils se trouvent. La course est définitivement interrompu. Les écarts seront pris au sommet du col de l’Iseran. Egan Bernal est le nouveau maillot jaune avec 48″ d’avance sur Julian Alaphilippe avant une dernière étape de montagne qui s’annonce épique.