Les Girondins n’y arrivent toujours pas à l’extérieur

Pour Alberth Elis, face à Rodez, et pour se rapprocher du top 5, la motivation des Girondins ne pouvait être que décuplée pour ce déplacement en Aveyron. Mais pour la quatrième fois consécutive, les Girondins n’ont pas réussi à gagner loin de Bordeaux. Pire, ils ont frôlé la défaite et ce nul arraché dans les ultimes secondes est très paradoxal.

Particulier. C’est le qualificatif minimum que l’on pouvait accoler à ce Rodez-Bordeaux que s’apprêtaient à jouer les vingt-deux acteurs au moment du coup d’envoi. Lointain était ce paisible stade Paul-Lignon qui avait accueilli les Girondins lors de la deuxième journée de Ligue 2, la saison dernière, le 6 août 2022. En pleine reconstruction, les Bordelais s’étaient alors imposés avec brio (3-0) dans la cité ruthénoise. Mais 574 jours plus tard, une trente-huitième journée au Matmut Atlantique en toile de fond, le décor de ce match sortie de la banalité avait drastiquement changé. Exit le beau soleil d’été et place au vent d’une nuit d’hiver. Pour Alberth Elis tombé dans le coma face à Guingamp, une semaine plus tôt, les hommes d’Albert Riera devaient braver les éléments pour rendre hommage à leur vaillant coéquipier qui avaient vu la mort de près. Alors les Girondins s’y employaient. Face à des Ruthénois joueurs et très disciplinés, les Marine et Blanc réussissaient à prendre l’avantage le quart d’heure de jeu à peine dépassé. Une frappe de Davitashvili, à première vue sans grand danger, venait tromper un Sébastien Cibois fautif au premier poteau (0-1, 18ᵉ). Mais ce soir, tous les Bordelais avaient dans leur dos le nom d’Elis et symboliquement ils venaient célébrer à la manière d’une panthère comme aimait à le faire l’attaquant hondurien.

La célébration en hommage à Alberth Elis, sorti du coma mercredi, de Zuriko Davitashvili, après son but à droite, Jérémy Livolant et Issouf Sissokho © Ligue 2 BKT

La soirée commençait merveilleusement bien pour les Girondins. Pourtant, huit minutes plus tard seulement, les Marine et Blanc allaient être cueillis à froid par le réalisme et la réussite d’une équipe de Rodez qui appliquait son plan de jeu à la perfection. Killian Corredor, intenable dans les grands espaces, remettaient les siens à hauteur d’une frappe contrée qui terminait au fond des filets bordelais (1-1, 26ᵉ). Incapable de conserver la solidité défensive qu’on lui retrouvait un tant soit peu à domicile (un but encaissé sur les cinq derniers matchs à Bordeaux), l’équipe d’Albert Riera craquait juste avant la pause. Un corner concédé par erreur par Jacques Ekomié permettait à Raphaël Lipinski, son homologue ruthénois du couloir gauche, de porter la marque à 2-1 en profitant d’une étrange défense en zone des Bordelais (45ᵉ+4).

Sauvés par Ignatenko

Bordeaux venait de se faire piéger sur les deux points forts identifiés de l’attaque aveyronnaise, les transitions offensives et les coups de pied arrêtés, concédant deux buts à l’extérieur pour la huitième fois cette saison. Et l’addition aurait pu être encore plus salée sans deux buts refusés pour hors-jeu aux joueurs du RAF (59ᵉ, 74ᵉ). Dans un stade Paul-Lignon plus hostile qu’à l’accoutumée, les Girondins peinaient grandement à se procurer des occasions malgré une domination sans partage du ballon (65 % de possession). Albert Riera était obligé d’effectuer ses premiers changements juste après l’heure de jeu (66ᵉ) avec les entrées de Julien Vetro et Marvin De Lima, de retour après trois matchs hors du groupe. Une jeunesse qui n’aura pas réussi à apporter le grain de folie nécessaire pour égaliser. Mais depuis le début de la nouvelle année, les Girondins ne se laissent plus abattre et continuent d’y croire jusqu’au bout. On joue alors la 94ᵉ minute de ce match, sur un ultime corner le ballon est renvoyé jusqu’à Danylo Ignatenko. L’Ukrainien réalise un formidable contrôle orienté pour mystifier son vis-à-vis avant de décocher une sublime frappe enroulée qui vient se nicher dans le petit filet d’un Sébastien Cibois désemparé (2-2, 90ᵉ+4). Comme un symbole, celui de sa résurrection depuis l’arrivée sur le banc de Riera, le natif de Zaporijia, longtemps critiqué pour son jeu trop inoffensif, vient faire taire ses détracteurs et le stade Paul-Lignon par la même occasion. Comme à Amiens, il y a deux semaines avec le but de Julien Vetro, les Marine et Blanc arrachent le point du nul dans les arrêts de jeu et maintiennent le statut-quo face à un adversaire mieux classé. Si ce panache permet aux Bordelais d’étendre à quatre matchs leur série d’invincibilité, il n’effacera pas néanmoins la fragilité et l’incapacité à gagner à l’extérieur des Girondins. C’est également une nouvelle occasion de se rapprocher du top 5 galvaudée pour les hommes d’Albert Riera qui occupent la 13ᵉ place du championnat à l’issue du week-end pour la douzième fois cette saison. Comme le déclarait Jérémy Livolant après la rencontre, reste désormais à bonifier ce point par une victoire à domicile comme il y a deux semaines, samedi prochain à 19 h face à QRM, 18ᵉ.

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