Verts de rage

Rien ne va plus chez les Girondins. Après les affrontements entre supporters, voici une nouvelle humiliation intolérable à Saint-Etienne, une faute professionnelle indigne. La saison catastrophe se poursuit et à quel prix ?

C’était le rendez-vous de l’année en Ligue 2. Le match tant attendu entre les deux géants du championnat dans un Chaudron en fusion … mais avec un parcage visiteur vide. La faute aux affrontements entre supporters bordelais qui ont émaillé ce mois d’avril et les ont privés de la célébration entre clubs amis que sont toujours ces Saint-Étienne-Bordeaux. Alors les joueurs et leur entraîneur devaient faire front, seuls, à l’incandescence d’un Stade Geoffroy-Guichard qui, à l’instar du Matmut Atlantique l’an dernier, ne rêve plus que de Ligue 1. Car oui, encore une fois, la direction bordelaise était absente pour ce choc, tout comme elle l’a honteusement été lors de la relégation de l’équipe féminine en D2, la semaine dernière. Contre vents et marées, ces Girondins là débutaient timidement la rencontre en concédant plusieurs occasions chaudes face à des Stéphanois surmotivés. Kalle Johnsson était déjà obligé de sortir deux parades décisives pour maintenir les siens à flot devant Matthieu Cafaro (4′, 20′). Si, comme à leur habitude, les hommes d’Albert Riera monopolisaient le contrôle du ballon, ils n’étaient que trop rarement dangereux.

Une constante bien inconnue des Verts qui continuaient, quant à eux, d’intensifier leur pression sur le but bordelais. Irvin Cardona passait tout près de l’ouverture du score, en plein cœur de la surface (25′). Les Bordelais avaient tout de même le mérite de ne pas encaisser de but et étaient plutôt intéressants par séquences même si, comme souvent, la domination n’était que trop peu matérialisée en occasions de but. Et pourtant, après avoir laissé passer l’orage, ce sont bien eux qui ouvraient le score. Avec de la réussite certes, mais la frappe de Pedro Diaz, déviée par Léo Pétrot pour prendre à contre-pied un Gauthier Larsonneur furieux, était issue d’une belle prise d’initiative de Zuriko Davitashvili au cœur du jeu (42′, 0-1). Un peu contre toute attente, les Girondins viraient en tête à la mi-temps.

Un scénario pourtant idéal

Albert Riera devait être fier de ces joueurs à la mi-temps mais surtout du résultat qui collait parfaitement à la vision qu’il a de son équipe. À savoir qu’elle n’est jamais aussi forte que contre les gros de ce championnat. Mais au retour des vestiaires, les Bordelais privilégiaient une approche que le technicien espagnol a du mal à considérer comme du football : bien défendre pour se projeter rapidement vers l’avant à la récupération du ballon. Les Marine et Blanc étaient néanmoins solides face aux assauts adverses qui se multipliaient et ne manquaient pas de piquer en contre à l’image de Davitashvili et Vipotnik (55′), sans réussite cependant. Au fil des minutes, le match commençait logiquement à se tendre au vu de l’énorme enjeu qu’il arborait pour les Verts, toujours à la lutte avec Angers en haut du classement. Et ce jusqu’à l’implosion… Sur une provocation de Zuriko Davitashvili, le Stéphanois Mickaël Nadé venait s’écharper avec l’international géorgien. Au vice et à l’expérience, Vital Nsimba, de retour de blessure avec Bordeaux, faisait complètement disjoncter le grand défenseur central des Verts qui se voyait plus que logiquement exclu (73′). Le scénario idéal pour les Bordelais qui devaient tenir leur avantage durant le dernier quart d’heure en supériorité numérique.

Humiliés en supériorité numérique

Mais que dire. Que dire de cette équipe. Comme toujours depuis le coup d’envoi de cette saison ubuesque donnée à Pau en août dernier, ces Girondins sont imprévisibles et ils le resteront. Parfois capables de trouver des ressources insoupçonnées dans des situations impossibles, si souvent capables de s’effondrer dans les moments les plus favorables. À 11 contre 10 donc, avec une occasion invraisemblable de faire le break par Zan Vipotnik, quasi seul à 30 mètres d’un but déserté par Larsonneur, Bordeaux allait s’écrouler dans le temps additionnel … 91ᵉ minute de jeu, Irvin Cardona, recentré, pouvait s’emparer du ballon et, après avoir fait danser Yoann Barbet, ajuster Johnsson pour permettre à tout un stade d’exulter (90’+1, 1-1). Pourtant, ce n’était que la première étape d’un calice que les Girondins allaient boire jusqu’à la lie. Alors qu’ils s’apprêtaient à jouer un corner dans la surface adverse, les « hommes » d’Albert Riera étaient complètement désorganisés sur la relance rapide du gardien. À l’autre bout, Cardona récupérait le ballon, raté par trois défenseurs bordelais, avant d’humilier la charnière girondine d’un lob dans la lucarne pour se transformer en héros de tout un peuple (90’+3, 2-1).

Saint-Etienne s’impose miraculeusement 2 buts à 1 alors que les joueurs d’Olivier Dall’Oglio étaient encore menés 0-1, à un de moins rappelons-le, au moment d’entrer dans le temps additionnel. À noter qu’Irvin Cardona, arrivé à Sainté au mercato d’hiver, inscrivait là son huitième but soit autant que Zan Vipotnik, le meilleur buteur bordelais, depuis le début de la saison. Révélateur de deux clubs aux trajectoires diamétralement opposées. Mais l’humiliation n’était pas terminée. Dans les couloirs du stade, Albert Riera, l’entraîneur bordelais, aurait giflé un joueur stéphanois, ce à quoi il a burlesquement répondu, en conférence de presse : « Tout ce qui est sur le terrain reste sur le terrain. Tout ce qui se passe à Las Vegas reste à Las Vegas ». Symbole d’un entraîneur qui perd les pédales, dans un club qui les a perdues depuis un moment maintenant. S’il reste désormais cinq journées à disputer, pour du beurre, l’avenir du club lui semble plus qu’incertain. Autant qu’à l’été 2022, seul l’avenir nous le dira…

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