Paris chute à nouveau et ne verra pas Wembley

Malgré le nouveau cycle amorcé et un tirage décrit par les joueurs et les dirigeant comme abordable, le Paris Saint-Germain est une nouvelle fois éliminé de la Ligue des Champions. Après treize ans sous pavillon qatarien, le PSG s’arrête aux portes de la finale s’inclinant à l’aller puis au retour face au Borussia Dortmund.

Du jamais vu à Paris. Un Parc des Princes incandescent. Une ambiance des très grands soirs. Au moment de pénétrer sur le rectangle vert, les 22 acteurs de cette demi-finale retour de Ligue des Champions découvrent trois tifos dans les tribunes d’un stade si souvent raillé pour accueillir davantage de spectateurs que de supporters. Une atmosphère qui doit porter le Paris Saint-Germain vers sa deuxième finale de C1 sous l’ère QSI. Le capitaine Marquinhos et Kylian Mbappé ont affiché leur détermination mais également leur sérénité avant la rencontre, « on est sûrs qu’on va se qualifier pour la finale » déclarait le numéro 7 parisien. Les supporters du Collectif Ultras Paris (CUP) négociaient même un envahissement de terrain « encadré » avec le club. On en oublie presque qu’il y a une demi-finale retour à jouer mais surtout à gagner, et par au moins deux buts d’écart, avant que tout cela soit possible. Car le PSG s’inclinait une semaine plus tôt face au Borussia Dortmund (0-1) dans l’antre du Westfalenstadion et son mythique mur jaune. Un BVB qui n’a pas l’intention de faire de la figuration, qui plus est avec un avantage d’un but. Cinquièmes de Bundesliga, les joueurs de la Ruhr veulent sauver leur saison en atteignant la troisième finale de Ligue des Champions de leur histoire (après 1997 et 2013).

L’un des trois tifos déployé dans le Parc des Princes ©Iconsport

La sieste aura duré 45 minutes

Le plan de jeu adverse est attendu, prévisible. Si le PSG n’a pas joué depuis l’aller, grâce au report de son match de Ligue 1 par la Ligue de Football Professionnelle, le Borussia Dortmund a fait tourner son effectif lors de sa victoire étincelante, 5 buts à 1 face à Francfort, en Bundesliga, samedi. Reposés, les Allemands, emmenés par leur entraîneur croate, Edin Terzic, reconduisent le même onze pour ce match retour qu’à domicile une semaine plus tôt. Un 4-2-3-1 très compact mais capable d’exploser vite à la récupération grâce à la vitesse de Jadon Sancho et Karim Adeyemi sur les ailes. Les Parisiens le savent, Dortmund n’est pas venu là pour faire le jeu. Et pour s’éviter les affres du match aller où Paris n’a jamais su trouver le chemin des filets, Luis Enrique, le technicien espagnol, aligne cette fois-ci un pur numéro 9, Gonçalo Ramos, chargé d’apporter de la présence dans la surface de réparation et de convertir les occasions parisiennes. Le Paris Saint-Germain débute la rencontre avec de bonnes intensions. Un contre-pressing engagé et une maîtrise technique qui mettent leurs adversaires sous pression. Quelques bons mouvements mais les minutes commencent déjà à s’égrainer sans que le PSG réussisse réellement à mettre le feu dans une défense allemande impériale. Une reprise trop propre de Kylian Mbappé (7′) puis une frappe hors-cadre de Dembélé (31′), pas de quoi inquiéter l’inoxydable capitaine jaune et noir, Mats Hummels, et ses coéquipiers. Symptomatique de cette production offensive en berne malgré une maîtrise incontestable du ballon, stéréotype du jeu à l’espagnol produit par les hommes d’Enrique, c’est bien le Borussia Dortmund qui se procure la seule véritable occasion de but du premier acte. Une contre-attaque éclaire menée par le supersonique Karim Adeyemi oblige Gianluigi Donnarumma a un grand arrêt (35′), sans quoi les Parisiens se seraient retrouvés menés de deux buts sur l’ensemble des deux matchs. À la mi-temps, la flamme de ce Parc des Princes, si chaud au coup d’envoi, semble s’être éteinte comme si Kylian Mbappé et les siens avaient presque endormi le stade à coup de passes latérales stériles.

Paris aura frappé six fois les montants sur les deux matchs, un record à ce stade de la compétition © AFP

Par la petite porte, encore

Paris venait de jouer une première mi-temps un peu comme s’il menait 1 à 0, tout en contrôle mais sans réellement prendre de risques. Or ce sont bien les Franciliens qui sont dos au mur alors qu’ils viennent déjà de perdre 45 minutes et qu’il faut toujours marquer deux buts pour se qualifier. Dos au mur mais aussi face à un mur, une défense allemande toujours aussi hermétique. Moins de deux minutes après la reprise, le PSG s’offre sa plus belle occasion du match lorsque Warren Zaïre-Emery touche le poteau après un centre-tir dévié de Kylian Mbappé (47′). Le premier d’une longue série. Sauf que quand on ne tue pas, on s’expose. Trois minutes après cette occasion, c’est la douche froide devant le kop parisien. Un corner déposé par Julian Brandt termine sur la tête du géant Mats Hummels qui trompe le gardien parisien dans les six mètres (0-1, 50′). Comme face au Barça en quarts de finale, les Parisiens sont menés de deux buts. Mais cette fois-ci pas de carton rouge idiot de la part d’un défenseur adverse pour les aider. Le Borussia Dortmund est bien déterminé à conserver son avantage jusqu’au bout. Le PSG doit désormais se lancer à l’abordage du but allemand. Pourtant, il préfère une nouvelle fois construire de l’arrière avant d’attaquer et il faut encore attendre dix minutes avant de voir Gonçalo Ramos, au point de penalty, catapulter sa frappe sur la piste d’athlétisme du Parc. Dans la foulée, Nuno Mendes touche à nouveau le poteau sur un tir lointain mais hormis ce coup de chaud de l’heure de jeu, la défense de Dortmund reste toujours aussi costaude et réussit à se sortir de la pression grâce à une qualité technique d’un tout autre registre. Alors oui, si Paris avait bénéficié d’un penalty au lieu d’un coup-franc, pour quelques centimètres, sur la faute d’Hummels à l’endroit d’Ousmane Dembélé, si un des six montants touché par Paris en 180 minutes avait tourné, l’issue aurait peut-être été différente. Mais ce qui fait la force des grandes équipes, c’est de savoir provoquer cette réussite et de mettre une envie supplémentaire, un supplément d’âme, ce que n’a pas su faire ce PSG nouvelle version.

Au coup de sifflet final, Kylian Mbappé le sait, à l’image de son match, cet échec européen est sans doute son dernier sous les couleurs du PSG © AFP

Kylian Mbappé, lui non plus, n’aura pas réussi à sortir de sa boîte pour ce qui était sans doute son dernier match de Ligue des Champions sous le maillot parisien. Personne n’aura su créer cette étincelle, marquer ce but qui aurait pu changer la dynamique. Les minutes de la deuxième mi-temps défilent et l’issue de ce match semble inéluctable. Le score est scellé, cruel peut-être, mais sans appel surtout, 0-1 à l’aller, 0-1 au retour. Paris muet est sorti par la petite porte une nouvelle fois, victime aussi de son excès de confiance après le tirage au sort du tableau final de la compétition mi-mars dernier et ce jusqu’au coup d’envoi de cette demi-finale retour. On pensait que la remontada (la vraie, celle du Barça en 2017) condamnerait à jamais ce sentiment dans la capitale mais visiblement non. Le valeureux Borussia Dortmund, outsider dès les quarts, n’a pas eu besoin de perdre le match aller pour se qualifier, leur réalisme et leur expérience auront suffi pour rallier un stade de Wembley dans lequel Paris se voyait déjà auréolé. Dans cette année dite de transition à Paris, les hommes de Luis Enrique avaient une occasion en or d’accrocher la finale de Ligue des Champions mais comme à chaque fois quand la compétition s’est jouée avec des matchs à élimination en aller-retour (on excepte le Final 8 de 2020), Paris n’a jamais su franchir cette marche.

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